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La prêle du Japon, la face zen des jardins

Rien ne l’arrête. Ni la glace (elle supporte des températures de − 10 °C), ni le vent (elle tremble mais ne rompt pas), ni le temps qui passe. Equisetum hyemale, dite prêle du Japon, courait déjà au temps des dinosaures. « Elle fait partie des plantes traçantes, son rhizome se ramifie en sous-sol, ressort un peu plus loin et colonise l’espace, explique Nicolas Verron, responsable de production de la pépinière Terre lointaine (Loire-Atlantique). Ce qui peut freiner les clients. » L’un d’eux lui a même rapporté que son spécimen aurait réussi à soulever le muret devant lui.
Les connaisseurs la plantent en bac ou la contiennent avec un système de barrières antirhizomes. Alors, ils peuvent profiter de toute la sobriété esthétique d’Equisetum hyemale. C’est-à-dire d’une silhouette réduite au minimum vertical. Les feuilles de la prêle du Japon sont quasi invisibles, et sa fleur, si elle apparaît, se réduit à une éphémère boursouflure.
Equisetum hyemale ressemble à une grosse paille télescopique d’un vert intense qui aime patauger dans l’eau et avancer en quadrille. Très sociable, elle s’arrange pour former rapidement une population dense et bien ordonnée. Les bottes de prêles du Japon sont devenues des incontournables dans les jardins minimalistes zen. Associée aux végétaux qu’elle côtoie sur les bords de berges, les mares et les terres humides, la prêle peut aussi se retrouver en bouquets.
Ekaterina Kuleshova, professeure d’ikebana à Paris, recrée les paysages aquatiques en la plaçant dans une petite coupe, aux côtés de fougères, d’iris ou d’arums. Mais la plante peut aussi sortir de sa zone de confort. Il suffit de glisser un fil de fer dans sa tige creuse pour « la plier, la modeler », en faire des carrés et des formes nettes, explique la professeure. La composition florale devient plus moderne, architecturale.
La professeure conseille de lui apporter du contraste, en s’inspirant des règles de l’art floral japonais. Pour équilibrer sa ligne verte, elle ajoute la rondeur d’une rose, la masse d’une fleur de chrysanthème ou d’un tournesol. Elle peut aussi confronter sa verticalité à la surface plane d’une feuille d’érable du Japon, bien rouge, « pour l’énergie ».
Zone de prédilection Terrasses, balcons, berges, dessous de gouttières.Floraison Discrète au printemps, elle se résume à l’apparition de petits épis jaune pâle à l’extrémité des plants femelles.Entretien Minime. Il consiste à couper les tiges cassées.Aime Prendre ses aises au soleil.N’aime pas Avoir les pieds au sec.
Retrouvez ici toutes nos chroniques consacrées à l’art floral.
Julie Lasterade
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